* PassionTrampoline *

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Ma Fiction

L'évolution d'une gymnaste trampoliniste, de ses débuts à son apogée ;)


[1] Prologue

[Note de l'auteur : comme son nom l'indique, ce chapitre est un prologue. Nous ne commençons donc pas aux débuts de Félicie, mais à un épisode phare de sa vie, qui va lui faire penser à tout ce qu'elle aura vécu avant. Ce prologue introduira donc son histoire.]

 

Prologue

 

    Assise par terre, je respire profondément. Mes mains tremblent, des gouttes de sueur perlent de mon front que je chasse d'un revers de la main. Du coin de l’œil, j'observe mes coéquipiers. Camille regarde droit devant lui, les yeux fixés sur la première marche du podium. Il sait qu'il va y arriver, il a tout fait pour. Sa détermination se lit dans son regard d'un bleu profond. 

    Moi, en revanche, je suis bien incapable d'émettre le moindre pronostic. Monterai-je sur le podium ? Si oui, sur quelle marche aurais-je l'honneur de me trouver ? Se pourrait-il que j'obtienne la première place tant espérée ? Nous ne sommes peut-être que quatre dans ma catégorie, mais mes adversaires sont toutes excellentes. Leurs enchaînements étaient parfaits, tant en imposé qu'en libre, en synchronisé qu'en individuel. 

    Avec Laure nous avons travaillé dur toute l'année pour réaliser un enchaînement synchronisé parfait. Je ne sais pas si nous sommes parvenues à notre but, mais en tout cas on aura vraiment tout donné. Je n'aurai aucun regret si nous ne gagnons pas, car je pense que nous sommes au moins à notre maximum. Pour cette année, bien sur. L'année prochaine, nous serons encore meilleure !

    Mon individuel n'était pas mal non plus, je dois bien l'admettre. Je l'ai travaillé comme une dingue ces derniers temps, enchaînant les entraînements supplémentaires et multipliant les séances de musculation. Mes efforts ont payé, tout du moins je l'espère. Pourtant, je n'ai pas un optimisme aussi puissant que celui de Camille. Si ma détermination était à son maximum, mon corps a-t-il suivi ? Les résultats devraient bientôt nous parvenir. Je saurai d'ici quelques minutes. 

    Un mouvement, à droite. Oui ! Le président de la compétition arrive ! Il s'approche du praticable ou nous sommes tous assis, rangé selon notre club et notre taille, et s'installe devant le podium. Derrière lui, le trampoline où nous sommes tous passés. Celui de ma première compétition nationale.

 _1ère place, niveau 2, catégorie 11-12 ans fille, du club de Marseille, Amélie Duchateau !rugit un speaker.

    Je sursaute. J'étais dans ma réflexion, et je ne m'étais pas rendue compte que la remise des récompenses avait débutée. Je tâte le sol à la recherche de la main de Camille. Je suis dans la catégorie 13-14 ans fille et lui aussi (enfin, 13-14 ans garçons, évidemment). Ce qui signifie que d'ici tout au plus deux minutes, je vais enfin connaitre le résultat.

_Tout ira bien ... me murmure Camille en me jetant un regard apaisant.

    Oui, tout ira bien. Tout va bien se passer. Respire... Expire... Respire... Expire...  Je tente de calmer mon coeur qui bat de plus en plus vite, et je contemple le podium. Combien de fois ai-je espéré me trouver là ? Combien de fois ai-je rêver de monter sur la plus haute marche ? Je l'ai fais tellement de fois depuis mes débuts que j'ai arrêté de les compter. 

    Puis, mon regard passe du podium au trampoline situé juste derrière. Celui sur lequel nous sommes tous et toutes passé(e)s. Celui qui décidera de notre réussite ou de notre échec. Celui qui peut être Dieu et Diable à la fois. Mais c'est également celui sur lequel j'ai fait mes premiers pas en compétition nationale. Celui qui a été le premier témoin de mes efforts, celui qui m'aura aidé à atteindre mon but. En bref, celui qui a eu tous les pouvoirs ce week-end. 

_1ère place, niveau 2, catégorie 13-14 ans fille, Maud Boisel !

    Je sursaute. Nous sommes déjà au niveau 2 ! Il ne me reste plus que quelques secondes, car je suis passée sur le niveau 3. Je respire à fond. Camille me carresse la main, pour m'apaiser. Je lui en suis reconnaissante, il sait si bien m'aider ! Il est tellement gentil, optimiste et combattif... Je lui souris, en retour, pour lui montrer que je vais mieux.

_5ème place, niveau 2, catégorie 13-14 ans fille, Alix Houguenot !

    Des applaudisements. Puis un grand blanc. Ce qui ne signifie qu'une seule chose : Alix est la dernière de sa catégorie. D'ici quelques secondes, les résultats des garçons de cette même catégorie arriveront...

 

 

    Pendant les résultats des garçons, je réfléchis. J'essaie de mesurer mes chances d'atteindre la première marche tant espérée. Mais c'est difficile, le stress envahit toute mes pensées et je n'arrive même plus à aligner deux phrases correctes et françaises dans ma tête... Ce podium, c'est vraiment un rêve pour moi. Et j'ai tout fait pour qu'il se réalise... Si je n'y suis pas... Non, je ne veux pas y penser. J'y serai, un point c'est tout. Quoique... Mes trois adversaires étaient très fortes elles aussi... Elles étaient même excellentes ! Elles étaient trop fortes... C'est impossible que je gagne... 

    

_1ère place, niveau 3, catégorie 13-14 ans fille...

    Je n'en peux plus. Mon coeur bat la chamade sous mon justaucorps bleu ciel. On doit pouvoir me voir trembler à des kilomètres à la ronde. Je jette un regard assassin au speaker. Je le soupçonne de faire durer le suspens afin de me tuer. Je suis bien incapable de continuer à réfléchir, tant ma pression est grande. J'ai attendu ce moment toute ma vie, je voudrais tellement y arriver. Camille serre un peu plus sa main sur la mienne. Un moyen comme un autre de me dire qu'il est avec moi, qu'il me soutient. Pourtant, à ce moment, je suis seule. Seule face au podium, seule face à la victoire ou à la défaite. Je n'entend plus rien, mes oreilles sont comme bouchées. Mes sens se déconnectent les uns après les autres, ma vue se brouille. Mais je fixe toujours le podium. Je sens des mains qui me touche, des paroles que l'on me murmure, mais il m'est impossible d'y prêter attention.

    Soudain, je crois entendre des hurlements près de moi. Et juste après, des mains qui me secouent dans tous les sens et me redresse. Je reviens brusquement à la réalité.

_Félicie ! Félicie ! hurle Laure. Tu as gagné ! Tu es la championne !

    Quoi ? Moi ? Non, c'est impossible ! Du coin de l'oeil, je cherche Camille. Il me regarde et me sourit. Serait-ce donc vrai ? Aurai-je réellement gagner ? Je ne comprend plus rien, ma tête est sur le point d'exploser.

_Félicie Carpentier ?interroge le speaker

    Je lève les yeux vers le podium. C'est donc bien moi ! Je suis bel et bien la nouvelle championne de France de ma catégorie ! J'ai réalisé mon rêve ! J'ai réussi ! C'est juste... magique ! génial ! incroyable ! Je n'en reviens pas.

    Le sourire aux lèvres, je me dirige, tremblante d'excitation, vers le podium. Je dois m'y reprendre à deux fois pour atteindre la plus haute marche, tant ma joie est grande. Je deviens sourde à ce que j'entend, aveugle à ce que je vois, insensible à ce que je touche. Je devient même muette, tant mes lèvres sont serrées en un sourire immense, et tant mon cerveau n'est plus qu'un mélange de tout et de rien, comme si une explosion de confettis venait d'y avoir lieu.

    La deuxième et la troisième me rejoignent, mais je ne m'en rend pas compte. Le directeur de la compétition approche, médailles en main. Mon sourire se fait encore plus grand lorsque je vois celle qui m'est destinée. 

    L'or.

    Quand je pense à tout ce que j'ai du accomplir pour arriver ici...

 


22/06/2014
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Chapitre 1 : Révélation

[Note de l'auteur : Ceci est un flash-back, toute l'histoire qui va vous être racontée au cours des différents chapitres est en réalité ce que Félicie se rappelle]

Chapitre 1 : La Révélation

 

     Je me souviens parfaitement de mon tout premier entrainement. Je n'avais que onze ans, à l'époque, et nous étions déjà en Octobre. Je m'y étais pris un peu tard pour m'inscrire, en raison d'un déménagement qui avait duré plus longtemps que prévu. Par conséquent, je cherchais une activité, quelque chose à faire de mon temps libre.

     

 

     J'étais allée rue Charles-Roy, dans un petit studio de danse, pour voir s'il restait encore de la place. J'avais participé à un cours d'essai, qui m'avait plu, mais sans plus. Mais c'est en sortant de la salle que j'ai eu la révélation de ma vie : dans le complexe sportif en face, à travers une fenêtre ovale, je pouvais distinguer un trampoline. Pas de ceux que je voyais habituellement dans le jardin de mes amies, ou même chez moi, non. Un vrai, un grand, un de ceux qui te font toucher les étoiles. Je ne pouvais pas détacher mon regard de cette fenêtre, j'étais comme hypnotisée, comme si la salle m'appelait, me disait de venir.

     Ma mère a surprit mon regard. Elle examina attentivement la fenêtre, traversa la route, et regarda au travers.

_Tiens, c'est original ça, me dit-elle. Cela ferait une parfaite activité pour ton petit frère, non ?

_Oui oui, mais... répondis-je

_Je vais aller voir s'il reste de la place, tu m'attends là ?

_Non !m'écriai-je. Je veux venir avec toi ! Et, euh...

_Oui ?

_Je pourrai en faire aussi ?

_Je ne sais pas ma choupinette, on verra s'il reste de la place, d'accord ?

_Oui maman...

     J'ésperais de tout coeur qu'il restait de la place. Je ne pouvais pas m'empecher de penser que je voulais y être, sans jamais avoir essayé. Je savais à l'avance que cela aller me plaire. Ma mère voyait cette activité comme un défouloir pour mon frère Mathieu, mais je n'envisageait même pas de ne pas pouvoir en faire. Je m'en souviens parfaitement, j'étais presque jalouse de Mat' qui allait pouvoir pratiquer ce sport et pas moi...

     Finalement, après avoir inscrit mon frère, ma mère demanda s'il restait de la place pour quelqu'un de onze ans. L'entraineure, secoua la tête. Elle n'en était pas sûre. Finalement, elle vérifia quand même dans ses formulaires.

_Il me reste bien une place dans un cours...

_Mais ?demanda ma mère.

_Normalement, c'est un cours 8-12 ans mais là, je n'ai que des enfants âgés de 8 ou 9 ans qui sont inscrits...

_Ce n'est pas grave, je veux essayer !m'exclamai-je.

_Enfin, après, tu verras, ils sont très gentils !me rassura l'entraineure.

     Puis ma mère s'enquit des détails, des horaires, des tenues à avoir, et il fut convenu que j'allais pouvoir tester la semaine d'après, le mercredi. J'avais tellement hâte !

 

 

     Finalement, le mercredi arriva, et je me rendis dans la salle de trampoline, bouteille d'eau à la main, et vêtue de façon adéquate : un leggins noir des plus basiques avec un débardeur de sport bleu ciel. J'étais un peu gênée et timide vis à vis de l'entraineure (Nathalie), stressée, aussi, comme à chaque "première fois". 

      Une fois que nous avions tous retiré nos chaussures et enfilé des chaussettes propres, l'échauffement débuta. Comme l'avait dit Nathalie, j'étais effectivement la plus grande du groupe ! Pas seulement en âge, mais en taille et en maturité aussi ! Les enfants avec lesquels j'étais n'avait pas plus de 9 ans, mais tous pouvaient passer pour des bébés de 7 ans tant ils étaient petit... Je détonnais assez avec mon mètre cinquante face aux enfants d'un mètre vingt...

     Je ne connaissais que peu des exercices que l'on fit lors de l'échauffement, bien que je réussit la pluspart. Cependant, je m'étais sentie terriblement gauche et ridicule, comme une tâche au milieu d'un tableau parfait. Pendant un des exercices je me souviens m'être dit : "C'est mort, j'ai bien trop l'air ridicule. Tant pis, je n'en ferais pas". Aujourd'hui, je rigole de ma réaction si puérile ! J'ai compris qu'il ne fallait pas s'arrêter à de si petits détails pour se forger une opinion.

     Mais le réel déclic, celui qui me fit changer de position, fut lorsque nous montâmes sur les grandes toiles. Elles étaient 5 dans mon club, et je me souviens encore du trampoline sur lequel j'ai fait mes premiers pas. Situé à droite de la salle, il était bleu mais ses banquettes étaient rouges. Longtemps il resta mon trampoline préféré, et aujourd'hui il occupe la deuxième place, derrière un trampoline style "Jeux Olympiques".

     Je pensais pouvoir me débrouiller sur la toile car j'avais souvent fait du trampoline public sur la plage. Le réalité fut totalement différente. Après avoir mis un pied sur la toile et réaliser un seul rebond ne ressemblant à rien, j'oubliai tout. Dans tous les sens du terme. Je ne savais plus rien faire, mais surtout je ne prêtais plus attention à rien. J'étais simplement transportée dans les airs, découvrant des sensations que je ne pensais pas ressentir un jour, rêvant d'aller plus haut. Toujours plus haut.

     A ce moment, quelque chose changea en moi. J'ai eu un déclic, non... plus fort qu'un déclic. Une révélation. Cette certitude s'est imposée à moi sans que je ne fasse rien, sans que je sache pourquoi. Je le savais, c'est tout. Je savais que c'était ça. Peu importe ce que les autres pensaient, c'était ce sport que je voulais faire. C'était limpide, clair comme de l'eau de roche. Il n'y avait aucun doute possible. J'ai compris que plus jamais je ne pourrais vivre sans, que le trampoline allait faire partie intégrante de me vie, que chaque jour sans serait moins bien qu'un jour avec. Je réalisais que ce sport était à la fois mon passé, mon présent et mon futur. 

     Ma passion était née.

 


05/07/2014
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Chapitre 2 : 1er stress et grande découverte

Chapitre 2 : 1er Stress et grande découverte 

 

Je me souviens également très bien de ma toute première représentation de trampoline. C'était en décembre, à l'occasion de la fête du trampoline. Mon club avait pour habitude de préparer le "gala de Noël" avec construction du sapin.

Avec mon groupe, nous avions préparé une sorte de chorégraphie sur le thème de l'enfance et des jouets. Nous étions tous déguisés pour l'occasion : avec mes deux couettes, mon visage maquillé et ma robe rose bonbon, j'avais tout de la poupée Barbie dont toutes les petites filles révaient (enfin, pas moi, mais ça, c'est une autre histoire). 

Le spectacle débuta à 19h précise, en commençant par le groupe Baby, et en finissant en apothéose avec les Compétiteurs. Je ne l'avouais pas aux autres, mais intérieurement j'étais morte de stress, et je me repassais ma chorégraphie en boucle : mise en scène sur les tapis avec tout le groupe, avant mon enchainement solo.

Car nous en avions tous un, pour pouvoir montrer fiérement à nos parents de quoi nous étions capables. J'avais l'enchainement le plus dur de mon groupe, je le savais, pourtant aujourd'hui il me paraît tellement simple que je rigole en repensant à ce stress incroyable qui m'avait envahie : saut groupé, 1/2 assis, ventre, saut carpé, dos 1/2, saut écart, salto avant groupé. 

En vérité, mon salto avant me terrifiait : je ne l'avais jamais essayé sans tapis, et je ne réussissais cet enchainement qu'une fois sur trois. Mais il fallait que j'y arrive. Je ne sais pas pourquoi, mais je sentais qu'il fallait que j'y arrive.

Pas pour mes parents, pas pour ma coach. Pour moi. Pour me sentir fière. Fière de moi, pour une fois. 

Alors, quand notre musique démarra et que ce fut à notre tour de montrer ce dont on été capables, j'avais beau être stressée, je n'avais plus qu'une idée en tête : passer, et réussir ! Je me laissais alors emporter par les notes, réalisant les mouvements que je devais faire, quand je devais le faire.

Enfin, la musique ralentit. C'était le signal que j'attendais : je me dirigeai vers le trampoline, saluai le public, et m'élançai. Une chandelle, deux, trois, c'était parti. J'étais partie, et plus rien de pouvais m'arrêter. J'enchainais mes éléments du mieux que je le pouvais, et quand arriva le fameux salto, je m'élançais. Bras bloqués aux oreilles, je poussai dans la toile. En haut de la chandelle, je groupai et enclenchai la rotation. Je priai pour atterrir debout... Et il passa ! Sur les pieds, sans aucun soucis !

C'est donc avec un immense sourire au lèvres, des étoiles dans les yeux et la joie dans la tête que je suis ensuite allée accrocher ma décoration au sapin, rituel obligatoire. Sur l'une des plus hautes branches, avec l'aide de ma coach, je déposais une petite étoile argentée brillant de milles feux.

C'est toujours avec cette vision d'étoile brillante que je suis retournée m'asseoir à ma place pour regarder la fin du spectacle. Et c'est toujours avec cette immense joie dans la tête que j'ai vu arriver l'équipe compétitrice du club.

Dès lors qu'ils commencèrent, il fut impossible pour moi de détourner les yeux ne serait-ce qu'une seule seconde. Ils enchainaient les saltos, les vrilles et les difficultés avec grâce et élégance, sourire aux lèvres, sans difficulté apparente. La convivialité régnaient, et l'amitié qu'ils avaient entre eux était impossible à nier tant elle paraissait éclatante. Les regarder tourner dans tous les sens, réalisants des figures que je n'imaginais même pas réalisables, tournants, vrillants, me donnait l'impression que tous mes soucis s'envolaient : le temps semblait être figé, seul importait ces couleurs dansantes, tourbillonantes devant mes yeux. Rien d'autre n'avait d'importance. Retenant mon souffle à chaque nouvelle acrobatie, me demandant comment ils faisaient, je me passionnais de plus en plus pour ce sport.

Et, à l'intérieur de moi, quelque chose changea. Je réalisais quelque chose. Quelque chose d'une importance capitale.

Ce jour n'est pas seulement important parce que j'ai surmonter ma première difficulté, ou que j'ai réalisé ma première représentation avec public. Non, c'était bien plus que ça. 

C'est également ce jour où j'ai découvert mon rève.

C'est ce jour là que j'ai compris quel sera mon premier objectif.

C'est ce jour là que j'ai su ce que je voulais par dessus tout.

Porter les couleurs de mon club.

Je voulais devenir compétitrice.


31/08/2014
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Chapitre 3 : Question/Réponse

Chapitre 3 : Question / Réponse      

 

Ma décision était prise. Cela deviendrait mon objectif, mon but, ce pour quoi je me battrai jusqu'à ce que mon rêve se réalise. Cela deviendrait ma vie.

Mais avant toute chose, avant de choisir cette direction pour mon destin, je devais trouver le courage d'affronter Nathalie et de lui poser la question qui me brûlait les lèvres. Et sa réponse allait, peut-être, changer ma vie.

Plusieurs fois au cours des trois mois suivants cette prise de conscience, je décidai de le lui demander. Plusieurs fois je me dégonflai. Je n'étais pas très courageuse à l'époque, mais cela changea, avec le temps. Enfin, je crois, je n'en suis pas totalement sûre...

Et puis, un jour, je franchis l'étape. Mais, je n'aurais jamais pu y arriver sans mon père. En fait, c'est à cause de lui que j'ai trouvé le courage d'affronter Nathalie (je dis affronter alors que c'était tout sauf un affrontement, mais bon, j'étais terrorisée à l'époque à l'idée de demander quelque chose à quelqu'un.). Je ne sais toujours pas si je dois dire "à cause" ou "grâce". Le mieux serait de tout raconter depuis le début.

 

C'était un mercredi soir, il devait être dans les alentours de 19h et il faisait déjà nuit. Mon père était arrivé en avance, comme souvent, et il me regardait évoluer dans les airs. Bon, à l'époque, je n'étais pas très douée, mais cela était largement suffisant pour lui qui me disait souvent qu'il était très impressionné...

Et terrifié. C'est fou ce que mes parents avaient peur pour moi, bien que je tentais de les rassurer. Une nouvelle figure, ils avaient peur, une démonstration, ils avaient peur, une chute... Ben, ils ont peur sur le coup, puis après, plus rien. Ce sont mes parents, et aujourd'hui encore ils réagissent comme ça. Je ne peux pas en changer, et de toute façon, je ne le voudrais pas. 

Bref, comme je le disais donc, mon père m'avait regardé la dernière demi-heure du cours. Lorsque j'eu fini mes étirements (douloureux, comme toujours après une vraie séance d'entraînement) et que Nathalie m'eu félicité pour mon enchainement "de mieux en mieux", je le rejoignis.

Il me pris par les épaules et m'emmena vers la porte de sortie à battant. Une lourde porte bleue clair. Sur le chemin, il me dit :

_Tu te débrouilles très bien, Félicie. Je trouve que tu as fait d'énormes progrès depuis le gala de Noël.

_Merci Papa, dis-je en baissant les yeux.

Car j'étais, comme toujours, gênée lorsqu'on me complimentait. De plus que c'était la vérité : depuis ma récente prise de conscience, j'étais constamment à la recherche du dépassement de moi, et je progressais bien plus vite que la plupart de mes camarades. Ce changement à l'intérieur de moi m'avait chamboulé, et avait tout modifié dans ma façon de percevoir les choses. Chaque nouvel obstacle était bon à franchir, et chaque nouvelle difficulté me faisait de moins en moins peur.

Cela m'a beaucoup aidé à progresser, je pense. En trampoline, il y'a le physique qui compte mais également énormément le mental !

Puis, j'ajoutais d'une petite voix, flattée par le compliment (chose rare) de mon père :

_Tu veux bien m'accompagner demander quelque chose à Nathalie ?

_Tu veux lui demander quoi ?

_Si... j'hésitai à révéler mon but à mes parents, je ne savais pas pourquoi. Si... plus tard, quand je serais meilleure, je pourrais faire de la compétition.

_Bon, bah, vas-y,  dépèche-toi ! Elle va bientôt partir.

Il avait raison, bien sûr, mais j'aurais préféré qu'il m'accompagne. Je ne voulais pas me dégonflé, mais comme je le faisais tout le temps.

Puis, lorsque je suis arrivée devant-elle, j'ai croisé le regard de mon père. Il m'attendait, légèrement impatient, et en même temps m'encourageait du regard. Je ne voulais pas rentrer une fois de plus bredouille. Je voulais avoir la réponse. Alors, je pris mon courage à deux mains, et m'élançai :

_Nathalie ?

_Oui ?

_Je voulais te demander...

A côté de Nathalie il y avait une grande dame brune, très jolie et souriante. Elle avait les yeux marrons pétillants et remplis de bienveillance. Elle m'encourageait à continuer, sans le montrer clairement. Plus tard, j'apprendrais son prénom (Anaïa) et elle m'entrainera également en tant qu'entraineur bénévole. Plus tard, je l'adorerais au moins autant que j'adorais déjà Nathalie. Mais ce jour là, elle me donna simplement le courage qui me manquait pour finir ma requête.

_Si, plus tard, quand je serais devenue meilleure, je pourrai faire de la compétition.

J'avais dit tout ça dans un seul souffle, rapidement et d'une voix faible, mais je l'avais dit ! Encore une victoire à mon actif, et j'étais déjà ravie d'avoir poser cette question. Mais je voulais entendre la réponse, alors je forçai mon coeur à se calmer et à écouter Nathalie.

Elle eut un sourire, mais pas un de ces sourires mesquins qui se moquent de la personne, celui là était empli de bienveillance et d'une certaine forme d'amour. Elle chuchota quelque chose à l'oreille d'Anaya, qui opina.

_Ces enfants, beaucoup veulent faire de la compétition, tu sais ! Mais, ce n'est pas aussi facile que ça en à l'air, loin de là.

J'acquiesçai. Oui, je savais tout celà, et j'étais prête à l'endurer quand il le faudrait. Mais je savais aussi que je n'avais pas encore le niveau pour être admise. Je voulais juste avoir un réel espoir auquel me raccrocher.

_Mais, l'année prochaine, tu vas déjà rentrer dans un cours un peu plus poussé, d'accord, et après on verra si tu veux, ok ?

J'acquiesçai de nouveau. Moi qui attendait une simple suggestion, me voilà placée dans un cours plus poussé ! Et Nathalie me proposait de tenter l'équipe compétitive plus tard ! J'étais aux anges, si Nathalie me le disait, c'est qu'elle le pensait, c'est qu'elle croyait en moi. 

_Je verrai avec tes parents mercredi prochain pour le cours avancé, d'accord ?

_Oui Nathalie, dis-je un grand sourire aux lèvres. Et, merci beaucoup !

_Derien, c'est grâce à toi, tu sais.

Puis je me retournai et courrai vers mon père, lui raconter ce que Nathalie m'avait dit. Ce jour me permit de croire encore plus fort à mon rêve, parce que désormais, Nathalie croyais aussi en moi. Et c'était quelque chose de très important, plus important que de réussir des figures impossible ou autre.

Ce jour là, je me suis enrichie de la confiance d'une autre.

D'une certaine façon, je suis devenue plus forte.

 

Voilà comment j'ai fait connaitre à Nathalie mon plus grand rêve. Comment elle a pu savoir que je pourrais venir enrichir son équipe de compétiteur.

Et aujourd'hui, finalement, je sais que ce n'est pas "à cause" de mon père mais bien "grâce" à lui. Car sans lui, rien de ce qui m'est arrivé n'aurait pu être possible. Je n'aurais jamais pu réaliser mon rêve, car c'est lui qui m'a fait franchir la première étape.

Alors aujourd'hui, je le dis franchement.

Merci, papa.

 

 


07/09/2014
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